A l’issue des biopsies prostatiques qui vous ont été faites, votre chirurgien urologue vous a annoncé la présence de cellules cancéreuses prostatiques. L’évocation de ces mots rend souvent difficiles et obscures les informations qui vous sont ensuite délivrées car de nombreuses questions se bousculent dans votre esprit : Qu’ais-je fait de ma vie, maintenant que tout s’arrête puisque j’ai un cancer ? Pourquoi moi ? Qu’ais-je bien pu faire pour avoir cela ?

Avoir un cancer de la prostate ne signifie pas que la vie s’arrête

Un traitement va vous être proposé avec une probabilité forte de guérison ou au moins une stabilisation de la maladie. Mais le cancer modifie la perception de la vie, en souligne la fragilité et redéfinit les priorités.

Pourquoi vous ? Il n’y a aucune culpabilité à avoir. La survenue d’un cancer de la prostate n’est pas liée à des comportements favorisants (alcool, tabac,…). Il ne s’agit pas d’une sanction ou d’une punition, c’est simplement dû au hasard.

Au delà de la légitime angoisse générée par l’annonce d’un cancer il faut prendre le temps de se poser et de réfléchir.

Ne pas aller trop vite et prendre le temps de la réflexion

Pour beaucoup de patients l’annonce du cancer se solde par une phase de sidération initiale puis par une phase « d’hyper décision » où l’on souhaite que tout aille très vite : Rendez-vous d’examens et traitements doivent être faits le plus tôt possible !

Cette réaction est tout à fait normale ! Cependant cette phase d’hyperactivité est souvent un mécanisme d’échappement, une façon d’éviter toute réflexion.

Le cancer de la prostate évolue lentement, très lentement et il n’y a donc pas urgence à décider tout de suite ! Il faut donc prendre le temps de la réflexion sur ce qui vous arrive, dans le cadre d’une démarche personnelle à laquelle vous pouvez associer vos proches. Il faut réfléchir à la solution thérapeutique la meilleure pour vous, en prenant le temps de vous informer et de « digérer » ces informations. Cette étape est essentielle car elle conditionne votre acceptation du traitement et votre guérison potentielle.

Jusqu’alors, comme tout le monde, vous n’aviez pas réfléchi à cette situation, vous vous sentiez « invincible » ; la découverte de ce cancer vous rend vulnérable. Vous ne comprenez pas ce qu’il vous arrive, d’autant plus que vous ne ressentez rien ! Depuis la prise de sang pour le dosage du PSA jusqu’aux biopsies, les séquences se sont enchaînées comme dans un mauvais rêve. L’annonce de ce cancer vous a été faite mais ce n’est pas vous ! vous allez vous réveiller !!

Pourtant il vous faut admettre la maladie. Ce n’est pas aisé, mais c’est indispensable à la guérison future.

Néanmoins, vous n’êtes pas un surhomme ! N’hésitez pas à vous faire aider. Votre urologue, l’infirmière d’annonce, le psycho oncologue sont à votre disposition.

Faut-il parler de votre cancer de la prostate à votre entourage ?

C’est un choix intime qui vous appartient. Néanmoins, il vaut mieux être prudent et en dire le moins possible sauf à l’entourage très proche. Ceci pour plusieurs raisons :

  • L’entourage ne peut s’empêcher de vous juger ! En raison de la crainte qu’inspire le cancer, les gens bien portants, pour se rassurer, cherchent la raison de ce cancer dans votre comportement. Or le cancer de la prostate survient en dehors de tout facteur de risque identifié (tabac, alcool, alimentation, activité sexuelle, …)
  • L’entourage aura tendance à vous étiqueter « cancéreux ». Or le cancer de la prostate n’est qu’une étape dans la vie à l’issue de laquelle vous tournerez la page alors que les personnes qui vous connaissent auront tendance à vous voir toujours malade. Ils chercheront alors soit à vous demander constamment des nouvelles soit à vous éviter.

Que peut-on dire à son travail ?

Dans le travail il y a des relations, pas forcément des amis. On ne peut connaître leur réaction à l ‘annonce de votre cancre. Il vaut mieux être prudent et ne rien dire, même en cas d’hospitalisation. En cas de besoin, vous pouvez par contre contacter une association de patients pour les rencontrer et parler avec eux de vos problèmes communs.

Conclusion

Le cancer de la prostate n’empêche pas de vivre longtemps et bien. Beaucoup de patients en guérissent.

Il est souhaitable de bien préparer cette consultation d’annonce pour aborder toutes les questions pratiques qui peuvent se poser à vous. N’hésitez pas à noter au préalable toutes les questions que vous souhaitez poser pour « optimiser » cette entrevue.

Docteur Denis Bretheau