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Toutes sensibilités confondues, les Protestants partagent les points fondamentaux suivants :

  • Sola gratia (« par la grâce seule ») : L’homme ne peut pas mériter son salut auprès de Dieu, mais Dieu le lui offre gratuitement par amour. Ce qui rend l’homme capable d’aimer lui aussi. Ainsi, la valeur d’une personne ne dépend que de l’amour de Dieu, et non de ses qualités, ni de son mérite, ni de son statut social.
  • Sola fide (« Seule la foi compte ») : Ce don se fait à l’occasion d’une rencontre personnelle avec Dieu, en Jésus Christ. C’est cela la foi, non une doctrine ou une œuvre humaine.
  • Sola scriptura (« par l’Écriture seule ») (A mettre en rapport avec le sacerdoce universel et l’éclairage indispensable du Saint Esprit) : Considérée comme porteuse de la parole de Dieu, la Bible  est à la fois la seule autorité théologique et le seul guide pour la foi et la vie. Elle est éclairée par la prédication de ministres appelés par l’Église et formés par elle (mais le Saint-Esprit peut appeler d’autres prédicateurs).
  • Solus Christus (« Jésus Christ seul ») : Jésus Christ est le seul intermédiaire entre Dieu et l’humanité.
  • Sole Deo Gloria (« à Dieu seul al gloire ») : Il n’y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu. Ainsi, aucune entreprise humaine ne peut prétendre avoir un caractère absolu, intangible ou universel, y compris la théologie. De plus, partant du principe que Dieu a donné la liberté aux hommes, les protestants sont généralement favorables à un système social qui respecte la pluralité et les libertés.
  • Ecclesia semper reformanda (« l’Église doit se réformer sans cesse ») : Les institutions ecclésiastiques sont des réalités humaines. Elles sont secondes. Elles peuvent se tromper, disait Luther. Ainsi, les Églises doivent sans cesse porter un regard critique sur leur propre fonctionnement et leur propre doctrine, à partir de la Bible. Il n’y a pas de dogme (vérité qui ne peut être reniée) dans le Protestantisme.
  • Sacerdoce universel :  Principe selon lequel chaque baptisé est « prophète, prêtre et roi » sous la seule seigneurie du Christ. Ce concept supprime la notion de hiérarchie au sein de l’Église. Chaque baptisé a une place de valeur identique, y compris les ministres (dont les pasteurs font partie). Ayant effectués des études de théologie et reconnus par l’Église, ils sont au service de la communauté pour l’annonce de la Parole de Dieu (prédication et sacrements) et les missions qui en découlent. Les femmes ont accès aux ministères de certaines Églises protestantes.

La Sexualité

Sur le plan de la sexualité, la conception qu’en ont les Protestants diffère peu de celle des Catholiques car les deux courants s’inspirent de la lecture biblique.

La sexualité doit être vécue comme une incarnation de l’unité du couple ; sa fonction première n’est pas la procréation d’enfants mais l’unification du couple lui-même. Elle doit être considérée comme une incarnation de l’amour conjugal c’est à dire qu’elle en est le prolongement. Ainsi, il n’est pas concevable d’avoir des relations sexuelles avant le mariage qui traduit l’engagement des deux êtres au travers d’un amour conjugal qui d’abord naît de la parole.

L’homosexualité n’est pas bannie comme dans les autres religions. Si l’homosexualité est comprise comme l’expression d’une altérité, elle n’est pas complètement admise car l’altérité de la relation homosexuelle est celle de personnes alors que seule l’altérité des sexes caractérisant l’union hétérosexuelle peut prendre le nom de couple.

La Procréation

La Procréation est consubstantielle à la sexualité, elle en est le prolongement et elle en fait toute la gravité. Son lien à la sexualité donne à celle-ci un caractère d’alliance. Si l’on déconnecte sexualité et procréation, il y a alors risque de dévalorisation, de banalisation de la première.

Néanmoins, à condition d’introduire des notion d’éthique faisant appel à l’amour conjugal, à la liberté humaine et à la responsabilité parentale, la contraception qui dissocie sexualité et fertilité face à la détresse d’une fécondité qui peut constituer une menace peut être vue positivement.

La Procréation Médicale Assistée (PMA) qui réassocie sexualité et fertilité face à la détresse d’une stérilité persistante, peut être considérée comme acceptable, en faisant référence à la même éthique.

D’une part, on doit, à cet égard, distinguer les méthodes de procréation médicalement assistée ne faisant pas appel à un tiers extérieur au couple de celles qui le font (don de sperme ou d’ovule, don d’embryon, prêt d’utérus). Tandis que les premières peuvent être regardées comme de simples parenthèses techniques, les secondes obligent à prendre sérieusement en compte la responsabilité des donneurs, des demandeurs et le droit de l’enfant à connaître ses géniteurs.

D’autre part, il faut souligner le recours constant de la Bible au concept et à l’image de l’adoption : il y est écrit que nous sommes finalement tous des enfants adoptés par l’amour de leurs parents, ce qui relativise les circonstances techniques ou naturelles de la fécondation.

Le diagnostic pré natal est considéré comme un grand progrès technique. Sous réserve d’une information génétique correctement comprise et guidée, dans le respect de la dignité humaine, les protestants sont favorables au traitement in utéro voire à l’avortement thérapeutique lorsque celui-ci est motivé par la détresse maternelle et non par un eugénisme déplacé.

Quant au diagnostic pré-natal sur un embryon issu d’une fécondation in-vitro (FIV), qui théoriquement permettrait un dépistage encore plus précoce de pathologie grave, et éventuellement un avortement in-vitro de l’embryon non implanté, il doit faire l’objet d’un encadrement législatif strict qui doit respecter les notions d’humanisme et de responsabilité auxquels sont viscéralement attachées les fédérations protestantes.

Au total, conformément aux critères proposés par la Réforme qui fait de l’individu un être responsable dont l’action est seulement soumise au jugement de Dieu sans intermédiaire, les protestants ont des points de vue sur les notions de sexualité et de procréation qui diffèrent quel que peu des Catholiques, avec une part plus grande laissée à l’initiative individuelle, dans le respect de la référence biblique.

Docteur Denis Bretheau

Le Protestantisme dans le monde

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