L’Hypertrophie Bénigne de la Prostate, augmentation de volume de la glande prostatique de nature bénigne, est une affection fréquente. Elle toucherait environ 5 M d’Homme en France dont seulement 2M seraient diagnostiqués en raison d’une gène manifeste.
Les recommandations de l’ANAES 2003 ne préconisent pas un traitement standardisé de l’HBP symptomatique. Elles proposent un traitement médical quand la gène est modérée, dont la décision doit être partagée avec le patient. Le traitement chirurgical n’est proposé que tardivement lorsque le traitement médical devient inefficace ou en cas de complications (rétention aigue d’urines le plus souvent). Ainsi, la chirurgie est de moins en moins pratiquée (baisse de 30% des résection endoscopiques prostatiques entre 1990 et 2000).
Les symptômes ressentis par le patient et qui l’amènent à consulter sont l’augmentation de la fréquence des mictions notamment la nuit (pollakiurie), la faiblesse du jet (dysurie) et l’envie de plus en plus pressante d’uriner (urgenturie). Ces symptômes traduisent le retentissement de l’obstacle prostatique sur le fonctionnement du muscle vésical et la qualité de la vidange de celle-ci.
Dans une proportion importante de cas (30 à 40%), l’intervention chirurgicale, consistant en l’ablation de l’adénome qui permet de lever l’obstacle prostatique, ne suffit pas à faire disparaître les symptômes précédemment cités. Les lésions induites sur le muscle vésical par l’obstacle prostatique entrainent un dysfonctionnement de la vidange vésicale qui, malgré la levée de l’obstacle, s’autonomise et perdure dans le temps.
Ainsi, au regard de la persistance des symptômes de dysfonctionnement vésical, certains paramètres permettent d’identifier les patients qui ont un risque d’évolution défavorable sous traitement médical et donc pourraient bénéficier d’un traitement chirurgical précoce ; il s’agit de :
– Un volume prostatique ≥ 30 g, d’un taux de PSA ≥ 1,6 ng/ml, d’un débit maximal < 10,5 ml/s et d’un résidu post mictionnel > 40 cc.
– Une dégradation des résultats (évalués par le score IPSS) sous traitement médical.
– L’existence d’un lobe médian prostatique facteur de risque d’obstruction et de rétention.
D’autres arguments plaident en faveur de la chirurgie précoce :
– Retarder la chirurgie augmente l’âge des patients et le volume de la prostate, majorant ainsi le risque opératoire.
– La chirurgie :
Donne d’excellents résultats
Taux de réintervention à 8 ans limité (3,5% après Adénomectomie prostatique voie haute, 7,5% après Résection Endoscopique Prostatique).
Les progrès techniques des 25 dernières années ont permis de notablement diminuer les risques opératoires.
– La vie sexuelle est peu perturbée voire améliorée après l’intervention.
– Elle permet de détecter les cancers passés inaperçus après biopsies.
– Elle ne pose pas les problèmes des effets secondaires des traitements et de leur observance (25 à 33% des traitements médicaux).
– Elle est moins chère que des années de traitement médical.
Au total, à l’heure de la large diffusion des traitements médicaux de l’HBP, il est important de reconsidérer la place de la chirurgie et d’identifier la population des patients qui pourra bénéficier d’une prise en charge chirurgicale plus précoce. Ce sujet doit être abordé à l’occasion de l’évaluation de votre HBP lors d’une consultation avec votre Urologue dans notre centre à Marseille.
Dr Denis Bretheau