Les mystères de la sexualité féminine, définie par Freud comme « un continent noir, obscur et impénétrable » n’ont, depuis, cessé d’entretenir la polémique autour de cette entité du point G.

Quatre études souvent citées, tendent à accréditer l’idée de l’existence de ce point « sensible » :

– 1 289 femmes travaillant dans le secteur santé au Canada et aux Etats-Unis interrogées en 1990 sur leur perception du point G répondaient pour 66% d’entre elles qu’elles sentaient bien une zone sensitive particulière dans leur vagin qui, lorsqu’elle était stimulée, leur procurait une sensation de plaisir (Archives of sexual behavior, vol. 19, n° 1, p. 29-47)

– La présence de tissu pseudo-caverneux érectile à l’intérieur de la muqueuse de la paroi antérieure du vagin a pu être mise en évidence chez 89% des femmes d’une série de 14 autopsies (D’Amati et al., 2002)

– Des médecins américains de l’Institut de gynécologie de Saint-Pétersbourg ayant procédé à la dissection de la paroi intérieure d’un vagin sur le cadavre d’une femme de 83 ans affirment avoir identifié le point G sous la forme d’une petite cavité située sur l’arrière de la membrane périnéale, à 16 mmm de la partie supérieure de l’orifice de l’urètre ; il pourrait mesurer 8 mm de longueur sur une largeur de 1,5 à 3,6 mm et une profondeur de 0,4 mm (Journal of sexual medicine, 2012).

– Les échographies pratiquées sur 30 femmes par la gynécologue italienne Emanuele Jannini ont décelé une différence anatomique entre les femmes « orgasmiques vaginales » et les autres : le tissu entre le vagin et l’urètre est nettement plus fin dans le premier groupe et il répond mieux aux stimulations (revues Nature Urology, 2009 et août 2014).

 

A l’inverse, une revue de la littérature sur le sujet initiée par l’urologue israélien Amichal Kilchevsky , regroupant 96 études entre 1950 et 2011, n’a pas permis de fournir des preuves solides et irréfutables de l’existence du point G en tant qu’entité anatomique distincte.

Sur un plan moins scientifique, un sondage grand public récent a conclu à l’inexistence du point G car 2 internautes sur 3 interrogés ne l’avaient pas rencontré !

 

Au total, la conclusion sur ce sujet peut être laissée à la sexologue Nathalie Dessaux : « Quand on parcourt tout ce qui a été publié sur le point G, on lit comme une nouvelle quête du Graal, avec un rêve sous-jacent : il existerait un bouton déclencheur sur lequel il suffirait d’appuyer pour obtenir un orgasme vaginal. En fait, cet imaginaire fantasmatique repose bien sur une réalité physiologique, une zone richement innervée du vagin, mais qui n’est pas un point, qui communique de manière dynamique avec le clitoris, lequel vient s’y appuyer lors de la pénétration ; on observe toute une unité fonctionnelle et anatomique entre la vulve, le clitoris, le vagin, l’urètre et l’anus. »

« En consultation, je n’ai jamais entendu de question sur le point G, mais des plaintes venant de femmes qui n’accèdent pas à l’orgasme. Le point G pourrait être rassurant autant pour elles que pour leur partenaire, en focalisant sur un terrain circonscrit. Mais quand bien même toutes les technologies de pointe, thermographie, vulvoscopie et autres tests neuro-physiologiques, permettraient de circonscrire une zone corporelle-gâchette, elles ne nous renseigneront pas sur les facteurs déclenchants qui permettent d’obtenir l’orgasme. La quête ultime de la jouissance ne passe pas par un standard validé. »

 

Docteur Denis Bretheau

PointG