Or, l’irradiation, de plus en plus utilisée, même après chirurgie pour cancer (prostatectomie radicale), diminue la vascularisation urétrale, l’ischémie étant elle-même source de fibrose ou de nécrose. Les malades dont on remplace le SUA par un autre sont plus exposés au risque d’érosion urétrale, d’où la nécessité d’en modifier la taille ou le site. Une étude récente* a comparé le devenir des SUA de 1ère intention avec celui de ceux placés après un échec de SUA, après irradiation pelvienne ou urétroplastie (qui mobilise et fragilise l’urètre).

Les auteurs ont repris tous les dossiers de pose de SUA de 1997 à 2012, les malades étant interrogés par téléphone sur l’efficacité de leur SUA et, éventuellement, son retrait et la durée de vie des SUA.

Au total, 86 SUA ont été posés chez 69 patients, dont 19 sur des urètres bien vascularisés et 67 sur des urètres potentiellement ischémiques ; parmi ces derniers, on a noté 23 antécédents d’urétroplastie et 25 de SUA. Chez 42 malades, il y avait des antécédents de radiothérapie, certains malades ayant eu à la fois SUA, irradiation et urétroplastie.

Plus il y avait d’antécédents menaçant la vitalité de l’urètre, plus le risque d’échec était grand. Sur les 19 urètres « vierges », il y a eu 4 échecs (21 %) dont 1 seul par infection, et aucun par érosion. En revanche, on a observé 23 échecs sur les 67 urètres mal vascularisés (34 %), dont 8 par infection et 8 par érosion. Les urétroplasties fournissent le plus fort contingent d’échecs (35 %), suivies par les SUA antérieurs remplacés, puis par les irradiations.

Avec un recul de 5 ans, le taux de réussite est évalué à 83 % pour les urètres sains et à 65 % pour les urètres ischémiques.

Docteur Denis Bretheau

* McGeady JB et coll. : Artificial urinary sphincter placement in compromised urethras and survival: a comparison of virgin, radiated and reoperative cases. J Urol., 2014; 192: 1756-1761