Le pénis est formé de deux corps caverneux qui sont des éponges qui se gorgent de sang lors de l’érection. Si en état de flacidité, le pénis est très souple, il se durcit donc en érection, par l’intermédiaire de l’afflux de sang dans les alvéoles des corps caverneux et le raidissement du revêtement de ceux-ci (l’albuginée), le rendant sensible aux traumatismes. Le mécanisme habituellement retenu pour expliquer les fractures de la verge est appelé « faux pas du coït » et résulte d’une butée du pénis sur le périnée de la partenaire lors d’un va-et-vient vigoureux avec sortie malencontreuse du pénis lors d’un mouvement. Dans 75% des cas, c’est lors de la pénétration que se produit l’accident.

Cliniquement la fracture se caractérise par une douleur brutale de verge lors d’un rapport avec la notion intermittente d’un craquement ; Un hématome se produit rapidement sous le fourreau de la verge avec parfois une déviation du pénis. Le diagnostic est le plus souvent clinique en relation avec le mécanisme de survenue décrit. Une échographie de verge peut permettre d’objectiver la rupture de l’albuginée du corps caverneuex.

Une étude publiée dans Advances in Urology a recherché les positions adoptée lors de la pénétration au moment de la fracture. Il s’agissait dans la moitié des cas de «la femme au-dessus», ce que les auteurs expliquent ainsi: «lorsque la femme est au-dessus, elle contrôle habituellement les mouvements avec tout le poids de son corps reposant sur le pénis et n’est pas capable d’interrompre un mouvement lorsque le pénis n’est pas dans la bonne direction pour la pénétration». Mais la fracture pouvait aussi se produire «en levrette» ou avec «l’homme au-dessus».

En novembre dernier, lors du Congrès de l’Association Française d’Urologie (AFU), une équipe marocaine du CHU Mohammed VI (Marrakech) décrivait « une origine traumatique suite à une manipulation forcée de la verge en érection » pour 113 cas sur une série de 140 accidents recensés entre 2004 et 2013 (seulement 2 cas lors de la pénétration). L’âge moyen des patients était de 35 ans mais s’échelonnait de 13 à 66 ans (99 cas de 20 à 40 ans, 4 cas avant 20 ans). La majorité des patients consultait dans les premières 24 heures (95 %). Cette étude annonçait 100 % de succès avec une simple incision de 30 mm (contre l’habitude de déganter le pénis) et suture, la fracture étant chaque fois unilatérale. Tous les patients avaient évolué favorablement et 9 mois plus tard. «C’est une pathologie bénigne qui dans la grande majorité des cas n’entraîne pas de complications à long terme» soulignait l’auteur.

Docteur Denis Bretheau