Une réponse est apportée par une étude récente* parue dans le British Medical Journal qui a inclus 287 patientes âgées de plus de 55 ans qui présentaient des symptômes de prolapsus modéré (descente d’organes ne dépassant pas la vulve). Les unes (n = 145) se sont vu proposer une rééducation du périnée, individualisée et assortie de recommandations d’hygiène de vie, les autres (n = 142) ne recevaient ni traitement, ni recommandations.
Trois mois après le début du traitement, ou après la randomisation, les patientes devaient répondre à un questionnaire (PFDI-20) qui explore un large éventail de symptômes du prolapsus pelvien et dont le score s’échelonne entre 0 et 100.
Les patientes qui ont bénéficié de la rééducation périnéale ont une amélioration de leurs symptômes plus importante que pour celles qui n’ont rien fait, avec des scores supérieurs en moyenne de 9,1 points au PFDI-20. Ce résultat n’en est pas moins décevant pour les auteurs de l’étude qui attendaient en effet une différence d’au moins 15 points, seuil qu’il jugeait nécessaire pour considérer la rééducation comme efficace.
Il existe toutefois une discordance entre le score moyen au PFDI-20 et l’appréciation subjective des patientes. En effet, les femmes qui ont suivi les séances de rééducation périnéale ont une appréciation de leur traitement et de l’amélioration apportée nettement plus favorable que ce qui ressort du questionnaire PFDI-20. Elles sont en effet 57 % à estimer que leurs symptômes se sont améliorés depuis leur prise en charge, contre 13 % de l’autre groupe.
Les auteurs sont intrigués par la contradiction entre le test et l’avis subjectif et l’expliquent par le fait que la rééducation pourrait être bénéfique seulement à certains sous-groupes particuliers de femmes. Le détail des scores PFDI-20 montre en effet que l’amélioration porte surtout sur les symptômes urinaires, alors que l’évaluation du prolapsus ou les symptômes intestinaux n’ont pas été modifiés.
L’identification précise des facteurs associés au succès de la rééducation périnéale sera à confirmer. Il serait également utile de préciser, par des travaux à plus long terme, si l’amélioration perçue est réellement durable.
Docteur Denis Bretheau
* Wiegersma M et coll. : Effect of pelvicfloor muscle training compared with Watchful waiting in older women with symptomatic mild pelvic organ prolapse: randomized controlled trial in primary care. BMJ 2014; 349: 7378.
